» Heartbeat « [ Libre ]

J'avais vu dans les pensées de Sidonie ce que Liam s'apprêtait à faire. Elle aurait pu l'en dissuader, surtout qu'elle n'était pas du genre à accepter ce genre d'écart. Mais l'image qui s'était imposé ensuite à moi, c'était moi en train de le suivre. Bah voyons, comme si on avait pas assez de problèmes à régler tout les deux, il fallait en plus que je le prenne en filature.
Mais en même temps, pouvais-je seulement ignorer cela? Non, maintenant que je savais, je ne pouvais pas faire semblant de ne pas savoir. Liam était un crétin d'abruti jaloux, il restait mon frère.
Je lui avais laissé prendre de l'avance, pour qu'il ne sente pas mon odeur. Je pouvais le suivre de loin par la pensée. Il fallait que je reste cependant à une distance suffisament proche pour intervenir.
Je retins mon souffle. J'aurais assez à gérer avec sa faim à lui, je devais faire en sorte de ne pas se laisser tenter.
Bien sûr, il ne put pas s'empêcher de capter l'odeur d'une fillette de dix ans. J'essayais de reléguer cette image, cette odeur et ce son le plus loin possible de ma conscience, afin d'être le plus objectif possible. Ce n'était pas facile et la force de caractère dont je du faire preuve était encore plus inhumaine que moi. La seule pensée que je me forçait à avoir, c'était Jane, et elle parvenait à repousser les instincts meurtriers de cet idiot dans un coin de ma tête.

- Eh bien, frérot, je pensais que te glisser dans ma chambre pour me faire une crise de jalousie était très bête, mais là ce soir tu as la palme de la stupidité. Laisse cette fille tranquille, elle est un peu trop grande pour que Sidonie la considère comme un rat. Déclarai-je avec un sourire en coin.

J'avais fait exprès de mentionner Sidonie. Je savais que la diplomatie ne marcherait pas avec lui. Ce dont il avait besoin, c'était d'un choc mental, et qu'on le sorte de la ville avant qu'il ne perde le contrôle.

Oui, justement, pour l'instant. Je me mis à sa hauteur doucement. Je n'aimais pas cette idée. Tous les deux dans les rues. Il avait beau penser en être capable, il ne vibrait que pour goûter à nouveau au sang humain. Tout comme moi je ne rêvais que de reprendre la mer. Me voyait-on sur un bateau pour autant?

- Je peux voir les pensées de Sidonie qui voit le futur. Je ne serais pas là si on ne pensait pas tous les deux qu'il y a un risque. J'ai bien d'autre chose à faire que de te chapronner.

Je préfèrerais cent fois être avec ma Jane. Mais je sais qu'elle m'en voudrait de le laisser commettre une bêtise qui nous affecterait tous.

- Pourquoi t'infliges-tu ça? Demandais-je simplement, sincèrement intéressé.

Même en lisant ses pensées, ses motivations me dépassaient. Que cherchait-il à prouver?
Personnellement, je me savais incapable de m'approcher de l'océan.
Le plaisir de sentir ce parfum méritait-il la souffrance qu'il s'infligeait? Au fond, il était peut-être maso. L'idée m'affleura l'esprit que s'il aimait souffrir, qu'il n'avait qu'à le demander... Je connaissais un bon nombre de tortures très efficaces. J'en eus un frisson de plaisir rien qu'à me les remémorer.

Je souris.

- Ton raisonnement se tient, dis-je en éludant sa question parlée. Mais ça confirme ce que je pensais...

Je n'ajoutai rien. Mais apparement ce que j'avais dit l'avait laissé sur sa faim. Je lui lançai un regard. J'oubliais parfois que j'étais le seul à lire les pensées des autres. C'était frustrant à certains moments.

- Que tu aimes avoir mal et aussi que tu es un brin mégalo sur les bords. Répondis-je à sa question muette avec un sourire. C'est ce qui fait ton charme, ajoutai-je ironiquement.

Je lui souris d'un air innocent. Dans ma période humaine, et même après, avant que je ne rencontre Jane et les autres Spellain, les mégalos était ceux quime faisait le plus ressentir de plaisir quand je les détruisais. Quand aux masos, j'aimais leur façon de rentrer dans mon jeu, avant de se rendre compte systématiquement que mes règles n'étaient pas aussi plaisantes pour eux que les leurs. Ce que je leur faisait endurer allait souvent au delà de la propre souffrances, et ils n'avaient vraiment pas l'air d'apprécier.
Liam, s'il n'avait pas été mon frère, aurait donc était le genre de personne que j'aurais adorer détruire. Voila en quoi ça "faisait son charme."

Je me raidis à l'odeur. Je savais qu'il l'avait senti aussi, télépathe ou pas, ça se voyait sur son visage.
Je décidai de ne pas intervenir poue le moment, de lui laissai le bénéfice du doute. Me concentrant su l'image de Jane pour ne pas céder à sa soif à lui, tout comme lui finirait par s'accrocher à celle de Sidonie aussi fort qu'à cette brique.
Allez, Liam, prouve nous que nous avions tort, que je puisse rentrer retrouver ma belle!
Je ne parlai pas, ne l'encourgeai pas. Je ne voulais pas le déconcentrer.
La jeune fille avançai encore. Je sentais à quel point c'était dur pour lui.
"RESISTE" Avais-je envie de lui crier.
Mais je devais le laisser garder sa tête dans le jeu.
Elle s'approchait encore, il bandait ses muscles. Il ne le ferait pas, il ne devait pas le faire.
De toutes façons, je l'en empêcherait.

Je regardai le film qu'il se faisait dans sa tête. Je ne l'arrêtai pas. Malgré tout j'aimais ce que je voyais et sa me faisait envie. J'étais né pirate, le carnage qu'il imaginait était tout ce que je rêvais de retrouver.
L'absence de règles... Oh! Les pirates avaient des règles... Mais elles n'étaient pas aussi restictives que celles de ses bonnes personne qui avaient un coeur ou qui pensaient en avoir un.
Le carnage était notre seul activité. Mentir, piller, voler, tuer, escroquer. Séduire était la seule chose qui ne me manquait pas. J'avais Jane. Jane...
J'interrompis le cours de mes pensées pour me concentrer sur son visage.
que serai-je sans elle?
Je vis alors que les pensées de Liam avaient changées. Je tournai la tête vers lui au moment où il leva les yeux sur moi.
Il avait été fort. Il avait resisté.


- Je rentre au château.

J'acquiesçai. Je voulais retrouver ma Jane aussi. J'allai le suivre, mais j'étais incapable de bouger. Ce que j'avais perdu me manquait davantage dans cette ruelle, je voulais continuer à me rappeler.
Je ne risquais pas de boire du sang humain, de toutes manières. Le sang humain avait beau me manquer, je savais que sa peur m'assaillirais et que ça gâcherait tout.
Mais je voulais rester, sentir l'odeur. Je compris pourquoi Liam avait voulu venir ici. Il n'était pas maso, juste nostalgique.
Nous nostalgique? J'éclatai de rire à cette pensées. Quelle bande de mauviettes ces filles avaient fait de nous!

Je le regardai sans comprendre essayer de me tirer avec lui. Qu'est ce qu'il lui prenait? Il avait décidait de rentrer au chateau, il n'avait plus besoin de moi. Ma mission - même si je n'avais été là que pour le garder à l'oeil - était fini, je n'étais pas obligé de partir, temps que je savais qu'il partait.

- Et bien! Rentre au chateau, le fait que je reste ne t'empêche pas de partir, que je sache. Soupirai-je.

Laisse-moi un peu savourer la tranquilité de cette endroit, savourer l'odeur. Elle ne te plaisait peut-etre plus, mais moi, j'étais bien. J'en avais marre d'être la nounou de tout le monde. Je n'étais pas né deux fois pour ça. Me préoccuper des autres ne me ressemblait pas. Mais je le faisait quand même. Maintenant que j'avais fait mon boulot, j'avais tout de même le droit à une pause détente, non? J'avais envie de m'amuser, et la petite fille dont les pensées commençait à me parvenir ne me donnait aucune envie de partir.
Je le regardai et ajoutai plus pour moi-même que pour lui:

- Elle s'appelle Charlène, a 10 ans et va chez sa grand-mère qui habite de l'autre côté de la rue pour lui tenir compagnie parce qu'elle est malade.

Je ris. Ce petit Chaperon rouge avait de la chance, ce soir. Ce n'était pas un loup qui l'attendait, mais deux.

- Tu devrais rentrer, j'ai envie de la terroriser. Déclarai-je avec un sourire sadique.

Le vrai Andréas était de retour et ça faisait du bien. Homme, femme, enfant, aucun scrupule à les faire souffrir. Quelque soit leur sexe ou leur âge le fait était qu'ils n'étaient tous que des jouets entre mes mains.

Je soupirai. Il allait me gâcher le plaisir sie je devais en permanencne faire attention à ce qu'il ne passe pas les bornes. Et Sidonie allais me faire passer une sale quart d'heure si ça dérapait.
Néanmoins, je ne voulais pas qu'on m'enlève ma distraction.

- Tu peux me traiter d'égoïste, d'égocentrique, de sans coeur ou quoi que ce soit d'autre autant que tu veux. Mais je ne vois pas en quoi je suis hypocrite. Répondis-je dans un sourire.

Reste, si tu y tiens tant que ça. Après tout, tu allais peut-être rendre ça plus drôle. Et puis c'est lui qui allait souffrir au delà du supportable, moi je réussirais à faire abstraction de sa douleur.
Il me suffirait de penser à la joie que provoquerait la peur de la petite fille et même que mon côté sadique ressortirait au dépens de Liam.
Frère ou pas, qu'il assume.
Il ne pourra pas dire que je ne l'avais pas prévenu.