Peut être que finalement c'est la seule qui me comprendra, ou pas. [ ft Salana ]

_Oh, my life is changing everyday,
In every possible way.
And oh, my dreams, it's never quiet as it seems,
Never quiet as it seems.

A déambuler dans la demeure familiale, je me ferais presque pitié.
Et je déteste ça, je déteste cette impression, une impression de manque...
Par ce que c'est ça finalement, January me manque, ce manque me bouffe de l'intérieur, comme un feu brûlant, ses flemmes léchant mes entrailles dans une danse infernale.
Mon être tout entier appelle celui qui pourra enfin éteindra ses flemmes si douloureuses.

_I know I've felt like this before, but now I'm feeling it even more,
Because it came from you.
And then I open up and see the person falling here is me,
A different way to be.

Ma chanson résonne contre les murs de l'immense château.
Étrangement calme d'ailleurs le château, sont ils tous parties chasser ? Impossible, ils ne m'auraient jamais laissé seule ici, Orphée sait trop de quoi je rêve tant.
Le sang humain.
Quel idiot, depuis que j'ai rencontré January, je ne rêve que de lui.

_Oh, my life,
Is changing every day,
In every possible way.

And oh, my dreams,
It's never quiet as it seems,
'Cause you're a dream to me,
Dream to me.

Ma chanson se termine, et je me retrouve devant la chambre de ma sœur, une intuition me fait comprendre qu'elle est là, oui c'est elle qui doit rester ici, pour s'assurer que j'y resterais aussi.
J'ouvre la porte, la jolie blonde me fait face.
Une beauté telle que la sienne devait être interdite.

_Je commence à croire que nous sommes seulement toutes les deux aujourd'hui ici... lui dis je en souriant.

Et me voilà seule dans ma chambre à contempler l'extérieur par ma fenêtre, à moitié par signe de surveillance, à moitié par pure langueur. Comment en suis-je arrivée là ?
Ils avaient décidé de partir chasser tous ensemble aujourd'hui pour changer, mais ne voulant pas y mêler Nymlia, il fallait désigner quelqu'un qui resterait au château la surveiller.
Je m'étais tout de suite proposée, au grand étonnement de tout le monde d'ailleurs. Je me sentais si lasse, je n'avais envie de rien, et surtout pas de chasser, allez savoir pourquoi...
Une lassitude tellement étrange, et étrangère pour moi. Et puis il y a aussi Elliot, ou plutôt mon manque de lui... Mais après tout c'est de ma faute ce qui arrive, alors je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
Si seulement j'arrivais à passer outre son aspect...
Je suis tirée de mes pensées en sentant la présence de Nymlia se rapprocher de la pièce, je me retourne alors en direction de la porte au moment même où cette dernière s'ouvre.

Je commence à croire que nous sommes seulement toutes les deux aujourd'hui ici...

Elle sourit. Elle est si belle, paraît si pure, si enfantine. Je lui rend alors son sourire.

Et c'est le cas. Ils sont tous partis chasser.

Ils sont tous partis chasser.
Deviendrais je devin ?
Pourtant c'est Sidonie qui a ce don...
Enfin bon, je hausse les épaules, et regarde ma sœur, elle est pensive, comme toujours finalement.
Je m'approche d'elle, touche ses cheveux de blès, j'aurais aimé être blonde... Salana est la seule à me faire perdre tout mes moyens.
Si Elliot ne l'avait pas rencontré avant, est ce que January me trouverait si jolie ?
Comparé a elle, je suis d'un ridicule étranglant.

Je soupire.
Et m'assois sur son lit, le regardant toujours laissant mon manque de confiance en moi ailleurs.

_Pas trop déçu de ne pas chasser aujourd'hui ?

Je souris, reprenant mon expression enfantine, de jeune fille de dix sept ans.

_Les renards sauront t'attendre tu crois ? demandais je a ma compagne toujours en souriant...

La réponse ne paraît pas l'étonner plus que ça, elle en hausse même les épaules. Mais je ne m'attarde pas sur sa réaction plus que ça, sans doute s'en est-elle doutée en ne trouvant personne d'autre que moi dans le château.
Je continue tout simplement de la regarder, je sais à quel point elle doute de sa beauté, mais elle n'a réellement rien à envier à personne, au contraire c'est plutôt nombre d'autres qui auraient à l'envier.
Elle s'approche de moi, et effleure mes cheveux, elle me paraît si mélancolique. En cette instant j'aimerais avoir le don d'Andréas et pouvoir entendre ses pensées. Je n'aime pas la voir tourmentée ainsi.
Je m'apprête d'ailleurs à lui demander la cause de ce chagrin, mais je suis coupée dans mon élan alors qu'elle soupire et prend place sur mon lit, avant d'entreprendre la conversation.

Pas trop déçu de ne pas chasser aujourd'hui ?

Et d'enchaîner en souriant, semblant retrouver sa bonne humeur et son expression enfantine, un peu mutine.

Les renards sauront t'attendre tu crois ?

Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, elle est tellement irrésistible, et de répondre sur le même ton :

Sans doute que non, mais ils devront bien. La chasse ne me disait absolument rien aujourd'hui, et puis je préfère amplement ta compagnie à la leurs.

Puis sans lui laissant le temps de répliquer quoique ce soit, ne me laissant pas tromper par cet air joyeux soudainement revenu, je lui demande :

Pourquoi cette expression de tristesse en arrivant Nymlia ?

Mon manque Salana, mon manque de lui, de ses yeux hypnotiques, de ses lèvres chaudes sur les miennes glacées, de ses mains si sure et si hésitantes à la fois, de lui, de son être tout entier, je ne vis, ou survis à présent que pour cela.
Je meurs les secondes, minutes, heures que je ne passe pas avec lui, j'en crève à petit feu d'être tenu enfermé alors que je pourrais passer mes journées avec mon bien aimé.

Je regarde dans le vide, me rendant compte, même si j'en était déjà consciente, que je n'arrêtais pas de penser à celui qui devait être mon pire ennemis.
Je m'étais amouraché du seul qui m'étais interdit.
Comment allais je faire ?
Même dans son immortalité qu'il aimait tant, Orphée se tuerait en apprenant cela, il tient tellement à moi, plus qu'a n'importe qui d'autre, je le soupçonne de tenir plus à moi qu'a Enola parfois.

Je me reconnecte à la réalité, et regarde Salana qui m'avait fixé tout le long de mon combat mental.

_Ton intelligence te permet elle aussi de déchiffrer les expressions des gens ? lui dis je en affichant toujours un sourire.

Je soupire.

_Ne t'en fais pas pour moi et mes tristesses, je finirais par arranger les maux qui me troublent seule.

Oui, peut être que finalement je m'enfuirais avec January...
Non, même en faisant cela ils me retrouveraient.

Elle semble pensive, perdue, en lutte intérieure juste après ma question. Et même si je n'ai pas le pouvoir de savoir quelle en est la raison, je devine tout de sa souffrance, et de son combat.
Que t'arrive-t-il donc ma douce Nymlia ? J'aimerais réellement que tu partages ce fardeau qui semble si lourd à porter avec moi. Tu sais bien que je peux tout entendre.
Mais au lieu de le faire, elle se reconstitue à nouveau un sourire, et reste sur le même ton badin :

Ton intelligence te permet elle aussi de déchiffrer les expressions des gens ?

Mon intelligence ? Peut être en parti qui sait, mais c'est surtout que j'ai déjà connu que trop bien des sentiments semblables, et que je sais l'effet destructeur qu'ils peuvent produire...
Un effet que je ne pourrait jamais laisser d'atteindre, petite Nymlia, tu es trop précieuse pour cela.
Et changeant à nouveau, elle soupire et finit tout de même par me répondre, mais évasivement :

Ne t'en fais pas pour moi et mes tristesses, je finirais par arranger les maux qui me troublent seule.

C'est à mon tour de soupirer maintenant.

Comment pourrais-je ne pas m'en faire ? Tu semble si différente. Je tiens à toi Nymlia, et je ne veux pas te voir dans un tel état, j'en connais les effets... Tu sais que tu peux tout me dire, jamais je ne te jugerais.

Pouvais je réellement tout lui dire ?
Pouvais je me laisser aller sans avoir peur qu'elle aille tout dire à Orphée, je savais au fond qu'il me fallait un allié ici, il y avait bien Elliot qui savait déjà la moitié de l'histoire.
Salana devait peut être apprendre la même moitié que lui ?
Après tout ils avaient vécu ce que je vivais...
Non, tout était différent à l'époque de leur histoire les familles n'étaient pas en guerre, à l'époque de leur histoire tout, absolument tout était différent.

Je pose ma tête sur l'épaule de ma grande sœur, soupire encore une fois.

Je lui dis ? Je lui dis pas ? Je lui dis ? Je lui dis pas ?

Je lui dis.
En partie. La peur me ronge de tout lui révéler, alors je lui dis seulement la moitié qu'Elliot connait.

_C'est juste que...

Non, je ne lui dis rien, même Elliot ne devrait pas être au courant, cette histoire est entre moi et January, laissons les autres de côté.

_J'aimerais tant sortir du château... Seule, pour une fois.

Bon d'accord, tout le monde sait que j'en suis déjà sortie seule, mes évasions sont spectaculaires.

Elle s'engage dans une nouvelle lutte maintenant. Le but de celle-ci, je peux m'hasarder à penser que c'est pour déterminer si oui ou non elle me confiera son secret. Elle semble réellement ne pas savoir, et cela ne fait que monter d'un cran mon inquiétude.
Que peut-il y avoir de si grave qu'elle ne puisse pas me dire ? A-t-elle peur que je ne sois pas en mesure de le garder pour moi seule ? S'il te plait Nymlia éclaire-moi !
Elle finit par tranquillement poser sa tête sur mon épaule, toujours pas décidée sur la mesure à prendre, quand enfin elle commence à prendre la parole :

C'est juste que...

Juste que quoi ?

J'aimerais tant sortir du château... Seule, pour une fois.

Je suis... déçue. Je sais bien que ce n'est pas cela qui la tourmente ainsi, et elle devrait savoir que je le comprendrais. Je suis triste, peinée de constater qu'elle préfère me mentir.
Pourquoi ne veux-tu rien me dire petite sœur ? Ne me fais-tu donc pas confiance ?

Pourquoi me mentir Nymlia ?

Et je me relève, retirant doucement sa tête de mon épaule, pour m'approcher de la fenêtre, et observer le paysage.

Je ne sais pas pourquoi tu refuses ainsi de me parler, mais j'en suis attristée. Je pensais que tu avais réellement confiance en moi...

Puis je me retourne à nouveau vers elle qui, toujours à la même place, me regarde.

Je ne souhaite pas te mentir Saly, crois moi.
Mais cette fois je vole en solo, ou bien en duo avec January, cette fois je dois tout garder pour moi.

Si je le disais à quelqu'un je causerais ma perte et celle de notre clan.
Ne m'interroge plus de ton regard, ne m'interroge plus avec tes mots.

_J'ai confiance en toi Salana, ce n'est pas ça le problème.

Je m'avance à mon tours vers la fenêtre, le ciel est noir, va-t-il pleuvoir aujourd'hui ?
Peut être bien, une balade s'impose alors, j'aime la pluie.
Je pose mon regard sur l'horizon, oubliant le ciel, une seule et unique question en tête.
January ou es tu à ce moment précis ?
Penses tu à moi, comme moi je pense tant à toi ?
Je grimace devant ma stupide espérance.

Je me retourne vers ma sœur.

_Quand je serais prête à avouer ce qui me tourmente, tu seras une des première, si ce n'est la première à être au courant, ne t'inquiètes pas.

Elle m'observe encore un petit moment toujours assise sur mon lit, semblant pensive, peinée aussi peut être, me suppliant presque du regard de cesser cette interrogatoire. Puis elle reprend la parole.

J'ai confiance en toi Salana, ce n'est pas ça le problème.

Où est-il alors ?.. Que t'est-il arrivée de si grave pour que tu ne puisses pas en parler, même à moi petite sœur.
Mais je décide de me taire, accédant ainsi à sa requête muette d'il y a quelques instants.
Et elle se lève alors, venant se positionner près de moi, regardant à son tour par la fenêtre le ciel sombre, obscurci, elle est songeuse. Je continue de la regarder simplement, remarquant sa petite grimace qui me surprend mais pour laquelle je n'émets aucun commentaire.
Enfin elle finit par se tourner vers moi qui la regarde toujours, et annonce :

Quand je serais prête à avouer ce qui me tourmente, tu seras une des première, si ce n'est la première à être au courant, ne t'inquiètes pas.

Je souris alors faiblement, puis lève ma main et vient caresser la joue de ma petite sœur.

Alors j'attendrais que tu sois prête Nymlia, et quand tu le seras je serais moi entièrement à ton écoute, sans jugement, sans réprimande, juste là pour toi, prête même à t'aider s'il le faut.

Tu attendras alors ma soeur, comme tu viens de me le dire, je savais que tu saurais le faire, sinon je ne te l'aurais jamais demandé.
Un sourire se dessine sur mes lèvres heureuse et contente qu'elle agisse ainsi, je peux alors repartir dans mes pensées qui ne se portent que sur l'être qui me permet encore d'exister.
Mon essentiel, mon January.
Mon Yswan.
Plus beau et plus précieux que n'importe quel autre, même si Orphée me proposait d'aller me chercher un fiancé chez les humains, aucun ne pourrait égaler mon January, je n'en aimerais aucun autre même si on m'y forçais.
La place qu'il avait pris dans mon cœur, si meurtrit soit il, était telle que je ne pouvais entrevoir l'avenir loin de lui.

Je regarde ma sœur, qui elle fixe toujours le ciel, aussi pensive que moi surement.

_L'apparence n'a aucune importance Saly.

L'important c'est d'aimer, et toi ma douce, tu aimes Elliot, arrête de fuir, vit tout simplement.

Oui j'attendrais, j'attendrais aussi longtemps qu'il le faudra, et je serais là le moment venu, prête, une épaule sûre sur laquelle s'appuyer.
Elle sourit, un sourire si doux, si angélique, d'un petit ange auquel je ne laisserais jamais rien arriver, d'un petit ange à protéger. Et mes pensées me ramène alors inexorable à lui, Elliot, un autre petit ange...
Oui petit, et c'est là que demeure tout le problème. Une apparence si jeune, si trompeuse, mais si tenace... Et pourtant je tiens à lui, oh oui, et à un point inimaginable, pourquoi l'aurais-je faire venir parmi les miens sinon.
Mais... Il y a, et il y aura toujours des "mais". Arriverais-je un jour à les surmonter ? A oublier l'extérieur pour ne plus me consacrer qu'à l'intérieur. Sans doute jamais complètement, et même si je parviens un instant à en faire abstraction, cela reviendra plus tard, plus fort.
Elliot... Je me sens si coupable, je l'ai condamné lui mon adoré, j'ai provoqué une guerre sans pitié faisant planer une menace sur toute ma famille, et tout cela pour au final ne rien faire... Je mériterais parfois qu'ils m'attrapent ces Iswan.

L'apparence n'a aucune importance Saly.

Je sursaute, surprise, j'en avais oublié la présence de Nymlia, ma chère Nymlia qui a tout à fait raison, je le sais parfaitement. Mais mes yeux refusent d'adhérer, et, malgré mon intelligence, me poussent à la bêtise.

Je le sais Nym', je ne le sais que trop bien...

Si elle le savait pourquoi faisait elle cela ?
Pourquoi être si superficielle ?
Pourquoi fuir l'amour au lieu de lui courir après.
Moi, je cours, ma course est engagé et ne s'arrêtera jamais, je courais pour aimer January jusqu'à la fin des temps et plus encore.

Je souris à cette pensée, January et moi courant, seuls, à deux, libre et prisonniers de notre propre amour.

_Un jour tu y arriveras...

Je laisse une pause parfaitement étudier avant de reprendre le cour de ma phrase.

_A l'aimer sans penser au reste.

Un jour Salana, crois moi, je le sais je crois en toi, et puis même si tu as l'éternité devant toi, ne tarde pas, lance toi, lache toi, et cours...

Désappointée je dirais, oui désappointée, c'est l'impression que me donne en ce moment même Nymlia. Elle doit être déçue, déçue de mon comportement, et je la comprends...
Qui ne trouve pas mon comportement ridicule ? Je sais bien ce que tous pensent même si personne ne le dit vraiment.
Et c'est normal, je dois paraître tellement ridicule vue de l'extérieur, mais ils ne sont pas à ma place, ils ne peuvent pas réellement me comprendre.
Nymlia semble un peu rêveuse, elle sourit même.
Aurait-elle trouvé quelques attraits à l'amour elle aussi ?

Un jour tu y arriveras...

Quelques mots simple avant de reprendre après une courte pause.

A l'aimer sans penser au reste.

Je souris. Il faut espérer, oui espérons que j'en sois capable un jour.

Puisses-tu dire vrai.

Un simple murmure, une pensée dite à voix haute par inadvertance.
Oui, puisses-tu dire vrai...

[HJ :: Je suis vraiment désolée d'avoir été si longue à répondre, mais je manquais cruellement de temps.]

Bien sur que je disais vrai. Ne dit on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Alors, soit, aujourd'hui je serais bel et bien une enfant.
Même si je détestais cette image de petite fille, aujourd'hui, pour prédire ton avenir, comme l'aurait fait Sidonie, oui j'accepte d'être une enfant. Figée à jamais dans mon apparence de dix sept ans.
Salana et Elliot s'aimeront, un jour, je le sais, point, fin de l'histoire, et ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps, et plus encore.
L'éternité même.
Il était son Januray, et elle était sa Nymlia.
Ou bien peut être que j'étais la Salana de January, et lui mon Elliot.
Je secoue la tête, consciente de ma bêtise, ni January, ni moi accepterons un jour de quitter notre famille, et puis il faut bien se rendre à l'évidence, les Yswan ne voudront jamais d'une morte vivante dans leur clan.
Tout ça était finalement si différent.

_Salana, avant de mordre Elliot, as tu pensé à rejoindre son clan ? Au lieu de l'emmener dans le notre ?

Question surement stupide, vu que Sybille Yswan était déjà en conflit avec Orphée, elle et Elliot n'avaient été seulement le déclencheur officiel de la guerre. Tout notre notre clan avait conscience que cela remonté bien avant cela.
Mes envies et rêves de vie commune avec January s'efface au fil du temps qui passe. Serais je un jour unie à lui pour toujours ? Pour l'éternité ?

Nymlia semble réellement sincèrement convaincue que j'y arriverais un jour. Au moins l'une de nous le pense.
Soudain elle me paraît si enfantine, c'est la jeune fille de dix-sept ans qui me saute aux yeux maintenant, une petite fille que je n'ai pourtant plus l'impression de voir avec le temps, par moment elle peut être si mature que j'en oublie qu'elle est coincée dans un corps si jeune.
Mais en même temps qu'en j'y pense, elle laisse encore si souvent entrevoir sa jeunesse. Qui plus est la surprotection dont on fait preuve envers elle, n'arrange rien aux choses.
Par moment je pense qu'on devrait la laisser voler un peu de ses propres ailes, mais en même temps j'aurais si peur qu'il lui arrive malheur que je pense que je ne pourrais pas, et les autres non plus. Notre Nymlia nous est tellement précieuse...
Ce ne doit pas être évident pour elle, et encore moins amusant, et cela tout le monde le sait. Je la comprends si bien parfois.

Salana, avant de mordre Elliot, as tu pensé à rejoindre son clan ? Au lieu de l'emmener dans le notre ?

Me voilà sortie de mes pensée par une question désarmante. Et à l'expression qu'a Nym' le pense qu'elle se doute déjà en grande partie de la réponse. Mais je tiens tout de même à lui répondre.

Sincèrement, je n'aurais pas pu. Je suis bien trop attachée à notre famille, à ma mère pour cela. Qui plus est comme tu t'en doutes nos familles étaient déjà à l'époque en conflit de par Sybille et Orphée. Alors même si je l'avais voulu serait aurait tout bonnement était impossible.

Je marque une pause, Nymlia me semble tellement plus concernée que ce qu'elle devrait l'être normalement par tout cela.

Regarde où tout cela nous a mené, et en partie par ma faute, par mon égoïsme mal placé. Enfin... Si ça n'avait pas été moi cela aurait été autre chose, n'importe quel prétexte aurait paru bon pour déclencher cette fichue guerre...

Oui, n'importe lequel...
Une fichue guerre qui risque de ne jamais prendre fin, et de détruire encore d'autres "vies".

Je le savais, au fond, qu'elle allait me répondre quelque chose du genre.
Je n'aurais jamais, au grand jamais poser cette stupide question.
Question qui lui montrait que j'étais plus qu'impliqué maintenant, dans une guerre stupide, non je n'étais pas impliqué dans leur guerre.
Je me battais pour la mienne.
Celle de mon cœur, celle pour lui.
Mais j'aurais tellement souhaité que Salana me répondre autre chose.
Quelques mots qui eux, auraient pu me rassurer, contrairement aux siens.

"Regarde où cela nous a mené"
Mais ce n'était pas sa faute au fond.
Si elle n'aurait pas rencontré Elliot, aurais je rencontré January ?
Et l'aurais aimé comme je l'aime ?
La guerre serait elle venu de moi ?
La fille prodige provoquant une guerre ?
Tant de questions sans réponses, dans de pensées vaines, ma vie tourne enfin dans le bon sang depuis que mon amour en fait partie. Alors qu'importe les faits, j'étais avec lui et prise en plein milieu d'une guerre.

_Oui, n'importe quel prétexte...

Moi ? Eux ?
Peut être que tout ça aurait pris plus de temps que prévu.
Mais le fait est là, Elliot et Salana sont les déclencheurs, January et moi nous ne sommes qu'un coup de feu de plus...

Comme faisant écho à mes pensées, Nymlia répète un ultime « Oui, n'importe quel prétexte... ». Je l'observe, et elle semble aussi pensive que moi en cet instant.
Ma petite Nymlia, que peut-il bien y avoir pour te tracasser ainsi.
Je continue à la regarder, elle me paraît si mélancolique. J'aimerais à ce moment précis posséder tous les dons possibles et imaginables pour pourvoir deviner la cause de son état, et réussir à effacer son air si triste, lui rendre sa candeur, sa joie naturelle habituelle.
Puis mon esprit se porte irrémédiablement vers Elliot. Je me demande bien ce qu'il est en train de faire. Je ne peux m'empêcher de penser à lui, et ça me torture encore plus.
Je me demande comment les choses auraient évolué si finalement, comme l'a évoqué Nymlia, c'était moi qui avait quitté mon clan pour rejoindre le sien, comment les miens l'auraient prit.
Mais au final comme je lui ai dit, la question ne c'est même pas posée. Je ne pourrais pas quitter ma famille, et même, jamais celle d'Elliot ne m'aurait accepté. La solution nous a parut évidente, et jamais nous n'aurions pu imaginé les conséquences qu'elle aurait.
Sinon nous n'aurions rien fait. Enfin non, je pense que rien n'aurait pu empêcher ce qui est arrivé, à croire que c'était écrit qu'un jour Salana transformerait Elliot, et serait le prétexte du déclenchement d'une guerre sans but.

Ma sœur semble encore plus pensive que moi.
Cette pensée m'énerve, quel tourments sont les tiens ?
Sont ils là à cause de mes questions stupides et enfantines ?
Suis je la cause des tourments d'un des anges Spellain ?
Ma douce, dis moi tout, je veux t'aider, je veux savoir, prendre tes tourments pour t'apaiser, et qu'ils deviennent les miens.

Les miens sont sans importance, mon histoire avec January ne provoquera pas de guerre.
Je le sais, notre amour est aussi clair que le sang qui coule encore dans ses veines, mon beau January, que jamais au grand jamais je ne mordrais.
Transformer un être aussi parfait ?
Non, je ne le peux, je ne pourrais plus me supporter, causer la mort de mon aimé, pour qu'il reste à mes cotés ?
Égoïste que je serais, je ne peux penser plus longtemps à cela.
Jamais je ne mordrais January pour le condamner a la mort éternelle.

_Pourquoi ne chasses tu pas ?

Les autres étaient parties, elle n'avait pas chassé depuis longtemps.
Pourquoi avait-elle décidé d'être celle que me surveillerait ?
A moins que... Orphée lui ai obligé de rester ici ?
Privée de chasse pour rester avec moi ?
Je m'en veux, oui, je l'avoue, je sais que moi j'aurais préféré tué au lieu de surveiller une gamine capricieuse, et de surplus amoureuse de Yswan, maintenant.

Pourquoi ne chasses tu pas ?

Je reprends pied soudainement dans la réalité. Pourquoi est-ce que je ne chasse pas ? Bonne question, mais dans la fond ai-je réellement la réponse ? Cela fait longtemps d'ailleurs quand on y pense, pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, je ne ressens aucun manque, ou besoin.
En fait je pense que la chasse me lasse au final, je dois être un bien singulier vampire pour penser de la sorte. En effet, quel autre des nôtres pourraient bien considérer les choses de la même manière ?
Mon yeux reviennent se poser sur ma sœur. Pas Nymlia en tout cas ! Je me demande pourquoi une telle question, pense-t-elle qu'on m'a contrainte à rester la surveiller ?
Puis je réalise que je ne lui ai pas encore donné de réponse. Et souris un peu.

Et bien à vrai dire je n'en avais pas envie. La chasse ne me dit rien c'est dernier temps. Alors je me suis naturellement proposée de rester ici avec toi, au lieu de priver quelqu'un de ce... plaisir.

Ma réponse doit certainement quelque peu l'étonnée, mais qui ne le serait pas finalement à sa place ?

Cette réponse me choque.
Nous étions des chasseurs née.
Nous avions besoin de sang, même moi j'en avais besoin.
Et ma sœur, elle, pensait que la chasse n'était qu'un passe temps ?
Bizarre.
La chasse ne lui dis rien ?
Chercherait-elle à effacer ce qu'elle est ?
Tu es une tueuse Salana, comme nous tous, ne l'oublie pas, le manque de sang pourrait t'affaiblir.
Ou pire, pourrait te réduire a tuer un humain.
Chose qu'Orphée ou Enola, ne pourraient supporter.

Égoïste que je suis, j'en reviens encore une fois à moi.
Je voulais tuer un humain, depuis des années.
Elle n'avait pas le droit dans un manque de sang de tuer l'un d'entre eux.
Je lui en voudrais.

_Tu devrais chasser plus souvent.

Nous ne contrôlons pas nos actes.
Si tu tues un humain, ma douce, tu le regretteras.
Tues les animaux, c'est tellement plus simple comme cela.
Et le sang humain, tu le connais déjà, laisse le pour ceux qui n'y ont jamais touché.
J'en voulais, le gouter, juste une fois.
Mes envies meurtrières reprennent.
Tu dois te nourrir pour ne pas mordre un être vivant.
Tu n'as pas le droit aux excès.
Tu n'as pas le droit de tuer.
Laisse le sang humain tranquille.
Laisse le pour moi.

Si January m'entendrait, il me détesterait, surement.

Plus qu'étonnée, Nymlia semble tout simplement choquée par mes propos. Mais je m'y attendais alors...
Je déchiffre son regard, elle ne me comprends absolument pas.
Pour elle, nous sommes des machines à tuer, des sortes de bêtes assoiffées de sang.
Il est vrai qu'on en a besoin pour survivre, mais pas forcement tout de temps et en grande quantité, celle que je consomme me convient parfaitement.
Je ressens aussi un autre sentiment, et je devine qu'elle imagine qu'en manque je risque de m'attaquer à un humain.
Mais ça ne sera pas le cas, j'ai acquis un certain contrôle de moi et mes pulsions qui est bien suffisant.
Je devine également une sorte d'égoïsme, et connaissant son envie de sang humain, je sais pourquoi.
Mais cela n'arrivera pas Nymlia. Oh non jamais.

Tu devrais chasser plus souvent.

Je souris malgré moi.

Ce que je chasse, Nymlia, me suffit amplement.

Son regard est plein d'interdits. Des interdits que je déceler plein d'égoïsme.
Elle me croit réellement capable de tuer un humain sur un coup de folie dut au manque.
Oh Nymlia si tu savais...
Moi je sais que cela n'arrivera pas. Et je reprends.

Je n'attaquerais pas d'humain par manque, si c'est à cela que tu penses.

_Ce que je chasse, Nymlia, me suffit amplement.

Mensonge, aucun d'entre nous ne peut tenir sans rien tuer.
Ma sœur chercherait elle à m'énerver ?
Si c'est le cas, bravo puisqu'elle a réussis.
Je chasse January un instant de mon esprit.
Parler de tuer m'en donne envie.
Les biches seront elles toujours réveillées à cette heure ci ?

_Je n'attaquerais pas d'humain par manque, si c'est à cela que tu penses.

Pourtant c'est bien Andréas qui possède le don de voir dans les pensées ?
Et ma sœur, venait encore une fois de deviner les miennes.
Son intelligence surement.
Mais je m'en fiche, à présent c'était gagné, à parle de nourriture, j'avais faim.
Je soupire, consciente que je ne risque pas de chasser avant demain.

_Une ballade nocturne, tu veux ?

Va-t-elle dire oui ?
Si ce n'est même que pour rester dans le jardin, d'accord, tant qu'on sort du chateau.
Alors, es tu ok ma douce Salana ?

Je dénote un soupçon d'énervement sur les traits de ma si jeune et si jolie sœur.
Pourquoi une telle réaction ? Ne me croit-elle pas ?
Mais déjà cela passe, et je remarque autre chose, une envie, un désir. Celui de sang sans aucun doute.
En même temps à ne penser et ne parler que de cela, ça devait arriver.
Je la comprends dans le fond, quelle cruelle tentation que ce besoin.

Une ballade nocturne, tu veux ?

Me voilà sortie une fois de plus de mes pensées.
Une ballade nocturne ? Pourquoi pas.
J'ai envie de prendre l'air de toute manière.
Et puis cela fera peut être du bien à Nymlia aussi.

Avec plaisir. Où veux-tu aller ?

Cela nous changera les idées, et nous éloignera avec un peu de chance de celles du sang, et de chasse.

Je souris, telle une gamine ayant enfin eu le caprice dont elle rêvait.
Même si sortir n'étais pas mon rêve, mon petit caprice passager m'avait été accordé.
Donc je souriais.

Oubliant mes idées de sang, je repense à mon tout beau.
January mon amour que fais tu ?
Penses tu à moi ? M'en veux tu d'avoir penser à tuer un instant ?
M'aimes tu réellement, alors que je suis une bête ?
La méchante de l'histoire.

Et surtout que penserais tu de la balade nocturne que j'allais m'offrir avec ma sœur, celle que tu haïssais tant ?
Cette pensée me fait grimacer, comment détester un ange tel que Salana ?
C'est un sacrilège de faire cela.
Mais je te le pardonne mon amour, tu crois penser ce qui est bien, alors que tu trompes sur toute la ligne.
Salana est un ange, crois moi.

_Les fontaines du jardin ?

J'aime cet endroit, tranquille est silencieux.
Et puis lorsque la nuit est noire comme ce soir, la lune se reflète, dans la fontaine à mon effigie.
Un cadeau d'Orphée, nous avons toute les notre.
Seulement j'étais la seule qui en avait une qui représentait seulement moi.
Symbole de ma vie condamner à être solitaire.
Même celle de ma sœur, la représentait avec Elliot...

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