Rencontre Hasardeuse [Feat Elliot]

Assis aux milieu des arbres, je hante les rêves de mon ancienne famille.
Je suis censé les détester pour ne pas m'avoir compris, je me dois de les détester pour ce que je suis à présent: Un Spellain.
Yswan. Spellain.
J'ai dûs choisir, et c'est ce que j'ai fait: J'ai choisi Salana.
January rêve souvent d'elle, de sa mort.
Mon frère me manque, les Yswan me manquent.
Soupirant, je quitte les rêves de ceux qui étaient autrefois ma famille.
Me relevant, je sortit mon briquet de ma poche, faisant jaillir une flamme avec laquelle je m'amuse.
Mes pieds me guident, sans pour autant que je ne sache où je vais. Ils dictent leurs lois, j'obéis.
Pourtant, une odeur vint me tirer de mes jeux enflammés.
Son odeur. Salana.
C'est vers elle que mes pieds me guident à présent: Celle pour qui j'ai tout abandonné.
La guerre qui frappe Spellain comme Yswan n'a qu'un seul déclencheur: Notre amour.
Mon amour.
Pourtant, j'aime à me dire que la guerre était inévitable. Sybille et Orphée n'attendaient que ca.
J'aperçois enfin ma belle, immobile près du lac.
Sa peau scintille sous la faible lueur de la lune: Si j'avais un souffle, il ne serait plus.
Sa beauté frôle l'absurde. Inimaginable.
Un être si parfait ne devrait pas être mien: Il ne l'ai pas.
J'attendrais. J'attendrais qu'elle soit mienne, enfin.
Elle le sera, un jour. Nous pourrons vivre notre amour condamnable.
Nous vivrons notre amour, donnant à cette guerre une raison d'être.
A seulement quelques pas d'elle, je stoppe ma marche.

- Encore seul? Dis en souriant.

Elle reste souvent seule.
Reste elle seule pour réfléchir? Pour penser?
Penser à moi, à nous?

Ses mots ne m'atteignent pas, comme suspendus dans le vide.
Sa voix m'atteint, elle.
Douce, mélodieuse, parfaite.
A l'image de son être.
Elle ferme alors les yeux, et je refais surface dans la réalité qui est la notre.
La voyant tourner la tête, le doute m'envahit à nouveau.
M'aime t elle seulement comme je l'aime.
J'aimerais qu'elle puisse dormir, que ses songes m'apprennent avec certitude l'ampleur de ses sentiments.
Et si mon apparence n'était qu'un prétexte pour ne pas me blesser.
M'aime t elle?
Qu'importe. Même si elle devait ne pas m'aimer, j'attendrais.
J'attendrais que les sentiments naissent.
Et si elle m'aime, j'attendrais que mon visage n'entrave plus notre amour.

Que fais je seul?
Je joue avec le feu, comme le terrible enfant que je suis.
Ses yeux se posent à nouveau sur moi, et malgrès la froideur de ma peau, je m'enflamme.

- Je...

Qu'étais je censé dire?
La vérité.

- Je voyageais dans les rêves de...

De ma famille.
Non, mon ancienne famille.

- ... Des Yswan.

Véridique.
Ils me manquent.
Mais j'ai prit ma décision, je l'ai choisit, elle.

- Oui...

Je voudrais pouvoir tirer un trait sur eux, pouvoir les détester comme je le devrais, au nom de mon nouveau clan, de ma race nouvelle.
Pourtant, tiraillé par mes sentiments, je n'arrive pas à les haïr.
Je devrais leur en vouloir, pour m'avoir rejeté, pour ne pas avoir compris.
Pourtant, j'en suis incapable.
Secouant la tête, je souris.

- Mais j'ai fait mon choix. J'ai choisi.

Je ne peux pas changer les choses, autant les accepter.
D'autant que cette vie nouvelle a ses attraits. Bien que je ne puisse rêver, les rêves des autres sont à ma portée.
Et je l'ai, elle.
Même sans l'avoir, je suis plus proche d'elle que jamais.

- Je t'es choisi, toi. Et je ne regrettes rien.

Elle semble m'échapper, perdue dans ses pensées.
Ses pensées font elles écho à mes paroles?
Finalement, peut être regrette t elle que je l'ai choisis.
Comme pour appuyer mon horrible théorie, ma belle Salana baisse la tête.
C'est donc ca.
Je me raidis, les yeux clos.
Non.

Attrapant son menton, je lui fis relever la tête.
Je voulais qu'elle me regarde, pourtant, son expression me meurtri.
Culpabilité.
Alors c'est ca. Elle regrette que je sois devenu un Spellain, et s'en veut de m'avoir vu quitter ma famille pour elle...
Malgrès la douce agonie à laquelle mon coeur soumis, je souris.

- Souris... J'aime quant tu souris.

Un pale sourire apparaît sur son visage angélique.
Mémorisant chaque détail de sa beauté, mon sourire se fane.
Inspirant inutilement, je retire ma main de dessous son menton.

- Regrettes tu?
... Que je sois ici?

Regrette t elle mon choix?

Je la vois sourire, de son sourire angélique, celui là même qui m'a fait l'aimer dès le premier instant.
Son sourire semble sincère, honnête.
Est elle soulagée?
Soulagée que j'ai compris, que je sache.

Regretter? Jamais. Comment pourrais-je regretter?

Mon coeur se gonfle comme jamais d'un espoir nouveau, et mon regard se perd dans le sien.
Sa main monte, et, avec une lenteur exagéré, vient se poser contre ma joue.
Son contacte me fait frémir.
Sentir sa peau contre la mienne est la sensation la plus merveilleuse qui soit.
Mieux que tout.

Je t'aime Elliot.

Malgrès moi, ces mots prennent place dans mon coeur.
Es ce qu'un coeur meure peu battre à nouveau?
Le mien semble en être la preuve.
Preuve supplémentaire que mon coeur lui appartient: Seule elle peut lui redonner en semblant de vie

Je m'arrache aux doux songes qui m'emplissent à présent la tête, songes faisant écho à ses paroles, et revint à la réalité.
La réalité qui est notre et où je ne fait que l'attendre.

- Alors... Pourquoi?

Pourquoi tout ça?
Pourquoi cet éternel sentiment de rejet?
Pourquoi ce manque?
Pourquoi notre amour ne peut pas être?
Pourquoi... .?

Elle brise alors le contact de sa main avec ma joue, et je me sens flancher. Parce que, sans ce contact, je la sens s’éloigner, à nouveau.


Je... Je ne le sais pas vraiment moi-même. Je... Tu...


Elle bégaye, perd ses mots, et moi, j’en perds mon souffle. Je ne respire plus, ne bouge plus. Et lorsqu’elle fuit mon regard fébrile, je sens mon cœur de marbre se fendre en deux.


J'ai longtemps cru, ou peut être plutôt voulu croire, que cela venait de ton apparence, que je ne pouvais passer outre. Tu parais si jeune, si fragile, si innocent. Mais voilà le tout se trouve résumé par le "parais" car je n'ignore pas que ce n'est qu'un aspect, qu'une façade.


Mon esprit n’assimile que trop lentement ce qu’elle tente de me dire. Mais parce que sa première phrase me dérange, mes yeux se plissent. Longtemps voulu croire …


Mais maintenant je ne sais plus. Je me demande si finalement tout cela n'est pas une excuse inventée, un moyen de me cacher, de me protéger. Finalement je crois que tout vient de moi et exclusivement de moi, je crois juste que j'ai peur.


Peur ? Peur de moi ?
Les yeux toujours rivés sur tout autre chose que moi, elle ne voit pas le sourire amusé qui fend alors mon visage. En réalité, ses mots m’amusent tant que je ressens l’envie d’un rire… Ce que j’aurais pu faire, dans une toute autre situation.
Peur de m’aimer ?
Voilà une toute autre histoire. Car si elle ne peut assumer ses sentiments,
Aussi, je préférerai revenir à l’époque où seule mon apparence la bloquait. Parce que l’on peut passer outre bien plus aisément que l’on ne peut amener quelqu’un à faire face à ce qu’il ressent.


—      De quoi as-tu peur ? De moi ? De nous…


Lentement, je me baisse alors, jusqu’à finir par croiser son regard.
Je tente d’esquisser un sourire : En vain. Au lieu de quoi, je me contente de la regarder, attentif au moindre de ses soupires.


—      N’aies pas peur, murmurai-je dans un souffle.


Je t’en supplie mon amour, n’aies pas peur.
N’aies pas peur, j’en mourrai.
A nouveau.