Le calme qui la caractérise pourra-t-il me calmer ? [Jane] [ CLOSED ]

Juste une soirée. Une seule et unique soirée où enfin je n'entendrais plus Papa parler de mon avenir si vaste.
Une nuit où enfin je ne l'écouterai pas dire qu'il tient à moi, et que c'est pour mon bien qu'il fait ça.
Un seul soir où quand le matin finira par venir je n'apprendrai pas que mes barreaux ne sont pas prêt d'être retirés.

Orphée ne se rend pas compte. Que c'est lui qui me fait fuir. Il ne sait pas que sans ses interdit, je ne partirai pas.
Lorsqu'on interdit quelque chose à un enfant, qu'elle est la première chose qu'il fait ? Braver les interdits.
Par ce que la vie devient plus drôle comme ça. Et comme moi je dispose d'une éternité, alors je la rends meilleure.
Par envie, et par ennuie. Solitude, quand tu nous tient, tu ne nous lâches pas. Et moi, tu ne me lâcheras jamais.

Ils l'avaient décidé. D'un comme un accord, qu'ils avaient dit. Déjà que je ne devrais pas être ici.
Ils n'allaient pas me créer un compagnon. Et surtout, ils n'allaient pas attendre que je tombe amoureuse.
Le monde humain n'est pas pour nous. Trop de tentation, qu'ils avaient dit.
Tous avaient approuvé. Puisque Orphée le disait. Même Liam était d'accord. Alors qu'il est censé être en guerre, même contre nous.

Ils étaient d'accord. Point. Et moi ? Maintenant ? Je marche dans les couloirs du château.
J'entends un murmure, un fredonnement. Qui chante ? Les chansons me sont réservées. Tout le monde le sait.
J'entre dans la chambre d'où vient le chant. Je me calme en voyant qui osait chanter. Pas la peine d'être mauvaise.
Jane est l'ange de la maison. Pas la peine de se battre avec elle. Son calme me fascine, autant qu'il m'ennuie.

_ Le chant m'est réservé, normalement. lui dis je en souriant.

Oui, le chant m'appartient. C'est mon domaine. Seule chose que je contrôle.
Il me permet d'avoir le contrôle. Je dirigerai le monde un jour, grâce à ça.
Enfin, je le dirigerai, le jour où ils ne seront plus là pour m'en empêcher.
Jane me regarde, elle sourit. Elle rougirait presque, si elle le pourrait.
Vampire, nous n'avons aucune expression. Nous sommes loin d'être humain.

La lune m'inspirait tellement que je me suis laissé emporter.

La lune. Je ne l'ai même pas regardé. Je ne prends pas le temps de la regarder.
Pourtant je l'ai, oh oui, du temps j'en ai. L'éternité même.
Et cependant, je ne regarde pas la lune. Elle me nargue avec sa liberté.
Même elle est plus libre que moi. Inutilité de mon éternité.

Hum, comment vas tu ce soir?

La réponse instinctive que j'aurais pu donner serait : Mal.
Je vais mal, par ce que tous crois que je vais bien. Je vais mal, par ce qu'on me protège trop.
Alors que de toute évidence, je n'ai pas besoin d'être protégée. Je n'en ai jamais eu besoin. Je crois.

_Bien.

Je la regarde, elle assise, moi la toisant de toute ma hauteur.
J'essaie de déceler ce qu'elle pense. Bon sang, ce que j'aimerai avoir le pouvoir d'Andréas parfois.
Lui qui n'arrête pas de se plaindre, et dire qu'on devrait se taire. Des fois, ce doit être drole non, d'écouter ce que les autres pensent ?
Je crois bien, que ça doit l'être. Je soupire, acte qui ne me sers strictement a rien, et qui est purement théatral.
Je suis un vampire, je n'ai pas besoin de respirer.

_Et toi ? Tu te sens seule, peut être ?

Je sais que oui. Mais peut être va-t-elle me répondre non.
Après tout, je ne suis pas la seule à mentir ici.

Je vais bien.

Chanceuse. Elle ne se rend même pas compte que son bien être me bouffe carrément.
Quand irais-je totalement bien ? Quand j'aurai enfin gouté un humain ? Ou quand enfin je m'enfuirai pour de bon ?
Tss, je ne m'enfuirai jamais pour de bon. Je les aime, même si leurs autorité factice m'oppresse.

Même s'il me manque à en mourir.

Il lui manque. A en mourir. Stupide, puisque nous ne mourrons jamais.
A part si les Yswan se décident enfin à nous faire brûler. S'ils se décident un jour.
Ils clament une guerre qu'ils ne mènent même pas. Sots.

Andréas lui manque, elle ne s'en plaint pas apparemment, tant mieux. Si elle s'en plaignait, je lui aurait rappelé, que moi je la vie seule, mon éternité.
Je ne comprends pas. Pourquoi moi je suis seule alors que les autres sont en duo.
Ils jouent en duo, je vie en solo. L'histoire d'une vie : La mienne.

Elle se lève. Complexe d'infériorité peut être ?
Je ne suis pas supérieure à elle. Mais je me plais à le penser. Je suis plus faible par ce que Orphée le croit.
Tandis que je secoue la tête, Jane regarde par la fenêtre.

Tu devrais regarder la lune.
Jamais. Au grand jamais.
Elle semble si paisible, maîtresse de son propre monde.

Je fronce les sourcils, et m'éloigne le plus possible de la fenêtre.
Je ne regarderai pas la lune. Je l'ai dis, je le pense. Elle me nargue. Avec son sourire.
L'homme de la lune, la femme de la lune, peut importe. Elle/il me nargue avec sa liberté.
Je la hais. Je la hais. Je la hais.

Je cale mon dos contre le mur, et soupire : Mauvaise.
Je suis hors de moi, et je crois que ma sœur l'a compris. Vampirique.
Incontrôlé, acte manqué : Mes crocs apparaissent sans que j'en éprouve le besoin.
Je ne sais pas. Je n'ai pas faim pourtant. Mes les crocs sont là. Par ce que je suis en colère.
Contre celle qui incarne la bonté dans notre famille de tueurs.

Je ne regarderai pas la Lune.

Je souffle cela dans un murmure entre mes dents serrées.
Ma langue glisse entre mes crocs. Et mon calme revient peu à peu.
Déjà qu'on me dicte tout mes faits et gestes. Jane me demande de regarder cette chose qui est le parfait contraste de ma vie de prisonnière.

Elle est libre, pas moi.

Orphée me protège plus que sa vie. Je suis sa fille protégée, préférée, que doivent penser ses autres enfants ?
Je me rends compte, que je n'y avais jamais pensé.
A part Aleth qui me jalouse, les autres en pensent quoi ?
Je secoue la tête, chassant cette pensée de mon esprit. Je suis Nymlia, et s'ils me jalousent, c'est qu'ils ne comprennent pas.

Nymlia, se cale contre le mur. Elle est agacé, énervé. Par moi sans doute. Je n'adhère tellement pas à leur idée de vampire cruel, sanguinaire. Cela m'a fait trop de mal auparavant. Ses crocs sortent. Sans invitation je présume. La colère. Elle a toujours eu du mal à se contrôler. Et les temps qui courent n'améliorent pas les choses. Je respire, pure fantaisie encore. Finalement, elle décide de me répondre, sifflement entre ses crocs.

Je ne regarderais pas la Lune.

Pourquoi donc ? la lune est belle, je trouve qu'elle reflète notre monde, enfin le mien. Tout bien réfléchie, peut-être pas le sien. Elle n'a pas de compagnons, elle n'en aura jamais, la lune elle oui.

Elle est libre, pas moi.

C'est donc cela, désire de liberté. Elle voudrait surement partir mais ne peut s'y résoudre. C'est dure pour nous tous, mais je ne pense pas qu'elle en ai conscience. A la voir, je pense qu'elle se trouve la plus mal lotie alors que non pas vraiment. Nous avons tous nos problèmes et ils nous rendent tous fous. On a alors l'impression que rien n'est plus important alors que c'est faux. Comprendrons nous un jour cela ?
Je souris néanmoins de sa remarque.

Ce n'est pas dénué de vérité.

Je me tais un moment. J'aimerais savoir le fond de sa pensée. Trouver comment l'apaiser. Je me dirige vers elle. Et dans un geste réflexe, prend sa main. Je la serre dans la mienne de façon à ce qu'elle ne puisse pas la retirer.

Tu sais que tu peux toujours me parler. J'écouterais. Quoique tu dises.

Elle sourit. Se moque-t-elle de moi à présent ? Pourquoi ?
Vampire, enfant. Tout le monde sait qu'il ne faut pas me vexer.
Et pourtant tout le monde le fait. Je ne suis pas une gamine. Même si je suis figée dans mes dix sept ans.
Je l'ai voulue, j'assume, c'est moi qui est choisit d'être ici. Si j'avais su, j'aurai attendu.

Ce n'est pas dénué de vérité.

Alors elle sourit par ce que j'ai raison, la douce Jane.
Dans la vitesse qui caractérise tant notre espèce, elle se retrouve à côté de moi.
Que veut-elle à présent ? J'ai déjà dit que je n'étais pas une petite fille qui a besoin d'être protégée.
Alors que veut-elle à la fin ? Si elle se sent seule, qu'elle cherche une autre personne.
Dans toute sa douceur qui me fascine, ce soir, elle m'énerve et m'importune.
Elle attrape ma main : Erreur.

Tu sais que tu peux toujours me parler. J'écouterais. Quoique tu dises.

Toujours lui parler ? Mais bon sang, je n'ai pas envie qu'on m'écoute.
Tous diraient que je ne fais que me plaindre.
Liam le dit déjà, la vierge Nymlia, la princesse Nymlia... Et pourtant il est dans mon clan.

L'évidence me frappe en plein visage. Je ne fais que me plaindre.
Enfant capricieuse. J'ai toujours eu ce que je voulais ici.
Sauf les deux choses qui me tiennent le plus à cœur.
Mordre un humain, gouter son sang, et avoir un compagnon.
Je suis donc, une gamine pourris gâtée ? Surement, oui.

Je voudrais juste qu'on me comprenne. Mais personne n'entends. Jamais personne n'entends.
Alors Jane n'entendra pas non plus. Comment lui dire à celle qui est douce, que je désire tuer ?
Que je veux faire couler le sang de ses Yswan qui ont renié mon Elliot chéri ?
Elliot mon frère, ils l'ont condamner par ce qu'il est mort pour aimer.

Je ne dirai rien.

J'incline la tête, et toise ma sœur, encore une fois.

Tu veux entendre quoi de ma part ?

Que veut-elle savoir, au fond ?
Puisqu'elle veut m'écouter, qu'elle me dise ce qu'elle souhaite que je dise.

Ma soeur réfléchis un moment. Parfait, moi, je gagne du temps grâce à cela.
Pourquoi parler à Jane. Elle ne comprendrait pas. Je le sais. Qui comprendrait ?
J'ai déjà répondue à cette question, je n'ai donc pas besoin de me répéter.

Tout.
Soit.
Rien.
Je lui dirais.
Ce que tu voudras me dire.

Ce que je voudrais lui dire. Je ne le sais même pas moi même.
Je vis dans ce château, égale à tous, et pourtant, mise sur un piédestal malgré moi.
Je pourrais très bien me plaindre. Puisque au fond, c'est ce que je souhaite faire.
Mais non, je choisis une toute autre solution. Maitre de mon destin, je choisis une autre échappatoire.

Ce que tu ressens.
Un manque. Différent du tien, mais c'est un manque quand même.
Ce que tu veux.

Combler mon manque. Je désire combler ma solitude.
Je veux un compagnon. Une moitié. Que mon solo, se termine en duo.
Je veux tout et en même temps rien.
Je veux la liberté, et en même temps rester ici, avec ma famille.

Je veux mordre un humain, pour savoir ce que l'on ressent.
Je veux plus qu'une biche esseulée. Je veux plus que ma vie.
Je veux une aventure si grande que personne n'a aura vécue une telle que la mienne.
Je veux tout simplement...

_Vivre...

Comme je le désire.
Ma requête est stupide. Surtout que je l'a fais devant une de celle qui ne peut rien changer.
Je demande de vivre comme je l'entends. Comme je conçois ma vie.
Requête bien vaine, jamais je n'aurais ce que je désire.
Orphée ne me le permettra jamais. Ce n'est pas ma requête qui est vaine. C'est mon éternité.

Je n'espère pas réellement qu'elle me réponde. C'est juste un souhait fou et égoïste sans doute. Mais elle le fait.

Vivre...

Tant d'espérance dans un seul et unique mot. Tant de choses réunies. Souffrance, paix, espoir, colère, déception, désillusion. Pourtant, il semble si simple et si doux. Son sens par contre varie. Pour nous, et je pense pour elle, il veut dire avant tout se nourrir. De sang. Elle pense sans doute à du sang humain. C'est interdit. Nous devons tous nous plier à cette règle, aussi mal que cela fasse.
Vivre veut aussi dire décider de son propre destin. Décider de sa journée, de qui l'on aime, qui on déteste. Autant de chose qu'elle ne fait pas je suppose. Ou du moins on ne les lui laisse pas faire. Je ne saurais jamais pourquoi. Je ne comprendrais jamais. Pourquoi moi et pas elle ?
Même si vivre était ma seule et unique requête quand je suis arrivé dans cette famille, pourquoi ? Ce n'est sans doute pas à elle que je devrais demander ça. Elle en saurais pas répondre. Trop de questions la hante peut-être également.
Je choisi mes mots pour répondre :

J'ai vécu . J'ai abandonnée, cette vie pour revivre ici dans cette famille.

Je plonge mes yeux dans les siens. Je voudrais qu'elle comprennent que parler de cette vie avant ne m'est pas plaisant. Et que je le fais pour elle. Parce qu'elle doit avoir le droit de construire sa vie comme j'ai pu le faire.

J'ai vécu deux fois avant de trouver ma place.

La voilà, la phrase sentence. Je ne sais pas comment elle va la prendre, mais je veux être honnête avec elle. Je pense qu'elle en a besoin.

Peut-être a tu besoin d'une troisième vie ?

J'ai vécu.

Comme nous tous. Nous avons tous vécu, avant de renaitre.
Mais je suis née une seconde fois, pour quoi ? Être prisonnière malgré moi ?
Le fait est là : Je ne peux quitter les Spellain, cependant je souhaite être libre.
Même un semblant de liberté, me conviendrais, je le sais.

J'ai abandonnée, cette vie pour revivre ici dans cette famille.

Je comprends alors, où était mon erreur.
Elle ne parlait pas de sa vie, avant d'être vampire. Elle parlait de sa vie, avant les Spellain.
Toute la différence entre elle et moi se trouve ici. Elle avait vécu en tant que vampire.
Et moi j'avais juste vécu en tant qu'humaine.

J'ai vécu deux fois avant de trouver ma place.

Finalement comme tous ceux de la famille.
Elliot peut être a vécu trois fois. Sa vie humaine. Sa vie Yswan. Sa vie Spellain.
Je laisse échapper un soupir, et je ne saurais dire ce qu'il signifie.

Peut-être a tu besoin d'une troisième vie ?

Une troisième vie. Cette phrase sous entend tellement de choses que je ne sais quoi répondre.
Ma troisième vie, elle ressemblera à quoi ?
Si elle existe, sera-t-elle joyeuse ? Faite de guerre ? De pleurs ? Est ce moi qui fera pleurer le monde ?
Un simple phrase qui me permet de rêver un peu plus.
Oui, un jour ou l'autre, je renaitrais encore une fois.
Et quand ce jour viendra, je sais que je serais prête. Puisque je le suis déjà.

_A quoi ressemblera-t-elle ?

Ma troisième vie.
J'attends les propositions. Les théories de celle qui, sans le savoir, venait de me donner espoir.

Ce sera la tienne propre, tu feras tes choix.

La mienne, et celle de personne d'autre.
Mes choix. Et je ne ferai que des choses grandes. Je le sais.
Orphée ne croirait pas en moi, si je n'étais pas destinée à faire de grandes choses.

Quitte à te tromper.
Me tromper ? Jamais.
Mais ce sera toi qui en décidera.
Je déciderai. Je ne me tromperai pas. Je suis trop sure de moi surement.
J'ai dit troisième vie, parce qu'elle peut être parallèle à celle-ci.

Je secoue la tête, je ne comprends plus.
Si je dois vivre une autre vie, je la vivrai ailleurs qu'ici.
Je parle dans le vent, je me bats pour du vent. Je ne vivrai pas d'autre vie.
Il faut se rendre à l'évidence, je resterai à jamais ici.

Donne toi la possibilité de vivre.

Mais de vivre quoi ? Une guerre contre les Yswan ?
Quand débutera-t-elle ? Quand ?
Je veux me donner la possibilité de vivre, mais je ne peux le faire.

Tant que tu assumes tes décisions.

Mes décisions de quoi ? Je ne comprends réellement plus.
Et pourtant je réfléchis, je sens tout mes sens en actions.
J'essaie de capter quelque chose, de voir comme elle peut voir.
Mais rien, je ne suis que Nymlia, la petite sœur qu'on protège.

Alors ça ne sert à rien de courir après des rêves d'humains que je ne mordrai jamais.
Ca ne sert à rien de se battre pour un compagnon qui ne me sera jamais accordé.
Tout ça n'est que du vent, et ne sera que du vent !

_ Foutaises ! hurlais je sans m'en rendre compte.

Je plaque même ma main sur ma bouche, surprise d'avoir crié.
Je retire ma main de mon visage, et essaie de me calmer comme je le peut.
Je venais d'hurler sur l'ange de la maison.
Je ne suis pas digne d'être une Spellain, je crois.

_ J'en ai marre, de me battre pour du vent.

La seule vérité est donc ici.
J'en ai marre de me battre pour des choses que je n'obtiendrai jamais.
Et malheureusement pour elle, c'est Jane qui est le témoin de mon mal être.

Elle ne réponds pas. Je crie. Je fais des excuses muettes. Mais elle ne réponds pas.
Rien, j'aimerai qu'elle parle encore. Qu'elle me promette que ma vie sera meilleure.
Qu'elle me dise que le monde n'est pas tout noir. Que deux couleurs existe.
J'aimerai qu'elle agisse pour me rassurer. Comme une grande sœur l'aurait fait.

J'attends hésitante. Je sais que je n'aurai pas du crier.
J'ai peur. Ma sœur va-t-elle me repousser ?
Inattendu : Elle s'approche de moi.
Je la regarde sans comprendre. Mes yeux regarde son oeil gauche, son oeil droit.
Je cherche à comprendre ce qu'elle s'apprête à faire.

Ses bras se referment sur mon corps, m'enlaçant, affectueusement ?
Je reste un moment sans bouger, je ne comprends pas de suite. Que j'en ai besoin, de ce câlin fraternel.
Alors je me laisse aller. J'enferme son corps contre moi. J'enserre son tour de taille.
Sa main glisse, elle me caresse les cheveux. Je n'ai pas vraiment l'habitude de cela.

Mais je me laisse faire. Par ce que c'est vrai, que j'en ai besoin. Réellement.
Le silence nous enferme dans une bulle que je vais crever. A contre cœur.
Un seul murmure suffit. Je le sais. Je soupire, par ce qu'il le faut.
J'approche mon visage de son oreille, et lui susurre enfin.

- Merci, Jane.

Le silence reprend jusqu'a la prochaine rupture de ce lien si spécial.
Qu'elle le rompt à son tours. Puisque je viens de la remercier.
Qu'elle me dise ce qu'elle souhaite, je l'écouterai. Mon cœur est calmé. Grace à elle.

Le temps aurait pu se figer des centaines de fois. Sans que je ne m'en rende compte.
J'avais besoin de quelqu'un. D'un aide. D'une amie. Une sœur. Jane.
Alors après mon murmure j'attends. Toujours dans ce silence qui en deviendrait presque pesant.
Elle se défait de moi. Notre étreinte est finit. Et je n'en garde que le gout de tendresse fraternelle.
Elle réfléchit. Parle ma douce, rien ne me vexera encore. Je suis calmée. J'en ai oublié presque mes anciennes pensées.

Je pense que tu le sais, mais ma vie humaine ressembler un peu à la tienne ici.

Non, je ne sais pas. Non puisque tu ne me l'as jamais dis. Mais je ne veux pas savoir.
Se rappeler d'une vie humaine est déjà un exploit en soie. Par ce que les souvenirs sont lointains.
Mais aussi c'est une torture, par ce que justement, on se souvient.

Ou plutôt ces deux vies ont en commun d'être dirigé par quelqu'un d'autre. A l'époque, c'était ma mère, à présent Orphée.

Voila où diffère vraiment nos vies. Nos destins. Moi personne ne me contrôlais, avant. On me contrôle maintenant.
Et pourtant, je me surprends à penser que Jane à raison. Sa vie humaine devait bel et bien ressemblais à ma vie vampirique.
C'est étrange, par ce que, j'avais choisis une vie de vampire, pour me sentir libre. Pour être autre chose, qu'une stupide chanteuse de saloon pour ivrogne ventripotents.
Sa mère contrôlait sa vie... Et maintenant Orphée. Est ce qu'elle regrette, d'être ici ? Non, elle a Andréas, c'est vrai.

Nous n'étions pas très riches, je l'aimais profondément. Malgré ce que je disais. Et à mes 17 ans, elle me présenta mon futur mari. Jusque là, elle avait tout mis en place : la façon dont je parlais, les gens que je fréquentais, mes habits. Absolument tout.

Son récit continu, et je me rends compte, encore une fois, que je me plains beaucoup trop.
Voila ce que je devrai faire. Arrêter de me battre contre mon père. Et essayer de vivre, comme il l'entend.
Jane avait bien réussit à le faire avant. Pourquoi moi, je ne pourrai pas ?

Je n'ai pas refuser. J'ai accepter cet homme. Je ne me suis jamais rebellée. Du moins pas volontairement...

Son dernier mot m'achève. Tel un pieux enfoncé dans mon cœur déjà mort.
Je la regarde, me contente de soupirer. Je n'ai pas envie de penser. Vraiment pas.
Réfléchir me fait devenir dingue. Alors je la regarde et me décide à parler. Je prends une longue inspiration.
Je vais parler longtemps, pour une fois, je le sais. Attention... Je commence.

- Jane, c'est là que tout s'éloigne. Tu n'as jamais rien dis. Mais moi... Personne ne me contrôlait avant. J'avais un père adoptif, un travail rabaissant, rien. Strictement rien, en définir. Et j'ai choisis d'être ici. Je l'ai voulu. Un an bon sang. J'ai passé un an avec vous, en essayant de pas me faire tuer par l'un de vous. Pour pouvoir devenir celle que je suis aujourd'hui. J'aspirais à devenir vampire... Regarde le résultat.

Je baisse le regard, soupire. Pas de doute, en me souvenant, je me suis enfoncé le pieux toute seule, dans mon cœur.

Après mes mots, elle soupire. J'ai l'impression qu'elle ne comprends pas vraiment pourquoi je lui raconte cela. Ces souvenirs qu'il vaut mieux oublier parce qu'ils dérangent. Les gens se sentent mal à l'aise lorsqu'on évoque une vie humaine passée. Pourtant quoi qu'on en dise, elle fait partie de nous, elle est ancrée au plus profond de nous-même, de notre esprit. Nymlia décide de me répondre, le dialogue n'est-il pas la meilleur solution ? Elle prend une longue inspiration...

Jane, c'est là que tout s'éloigne.

Tout s'éloigne, je ne le vois pas comme ça. Tout se rapproche à cet endroit pour moi.

Tu n'as jamais rien dis. Mais moi... Personne ne me contrôlait avant. J'avais un père adoptif, un travail rabaissant, rien. Strictement rien, en définir.

Non, je n'ai rien dit. Et non, nos vies humaines ne se ressemblaient pas du tout. A part le fait que nous n'étions pas grand chose.

Et j'ai choisis d'être ici. Je l'ai voulu. Un an bon sang. J'ai passé un an avec vous, en essayant de pas me faire tuer par l'un de vous. Pour pouvoir devenir celle que je suis aujourd'hui. J'aspirais à devenir vampire... Regarde le résultat.

Je sais bien qu'elle a choisi d'être ici, contrairement à moi. Qu'elle a accepté plus que moi cette situation et su en tirer profit. Elle a enduré beaucoup de chose et elle s'est accroché. Elle n'a pas bien compris, là où je voulais en venir. C'était encore un appel pour qu'elle se rebelle. Pour lui montrer où l'acceptation m'a menée. Loin des gens que j'appréciais. Dans un corps que je n'ai pas supporté pendant de longues années. Au départ avec des personnes que je haïssais profondément sans pouvoir les quitter. Dans des lieux atroces et inhumains. Je n'ai jamais rien dit, à personne. Je pourrais dire moi aussi : Regarde le résultat.
Alors je reprend mon inspiration, essayant d'ordonner mes pensées encore une fois :

Ce n'est pas là que tout diffère. J'ai toujours tout accepté, et cela ne m'a mené qu'à ma perte. Dans cette condition que je haïssais au début. Cet état vampirique.

Je regarde au fond de ses prunelles, pour faire pénétrer ces mots en elle. Même si cela est douloureux.

Ce que je voulais te dire Nymlia c'est n'accepte pas tout. Encore une fois décide toi-même.

Je baisse les yeux, dans une confession et chuchote :

Ou il ne te restera que des regrets ...

C'est la vérité, l'abjecte vérité. Tout ce qu'il me reste de mes vies passées, ce sont des regrets. Ne n'avoir pas fait, de ne m'être pas rebeller. D'avoir dit Oui à tout. J'ai laissé les autres décider à ma place. Alors que j'en aurais eu la capacité. J'ai été lâche. Et c'est ce qui fais le plus mal.
Je regarde une dernière fois ma soeur, cherchant sans doute un peu de réconfort moi aussi. Je me dirige lentement vers la porte et sors.

Elle ne prend pas le temps de réfléchir, et sa phrase nait en même temps que son inspiration. L'aurais-je vexé, sans le vouloir ?

Ce n'est pas là que tout diffère. J'ai toujours tout accepté, et cela ne m'a mené qu'à ma perte. Dans cette condition que je haïssais au début. Cet état vampirique.

Mais si ça diffère, ne le voit elle pas ? Ne comprend-t-elle pas, que notre vie est à l'opposée l'une de l'autre ?
Elle n'est pas moi, elle n'est pas prisonnière. Certes elle l'a été, et elle s'en est sortie. Grace à Andréas. Orphée.
Mais moi je suis seule. Je suis enfermée. Je ne suis rien. Et ce sont eux qui m'ont réduit à ça.

Ce que je voulais te dire Nymlia c'est n'accepte pas tout. Encore une fois décide toi-même.

Décider de moi même. Ma sœur me conseille quoi, de fuir, une bonne fois pour toute ?
L'idée est bonne, mais le problème est là : Je ne peux pas me défaire d'eux.
Même s'ils me contrôlent, même si je me plains. Je ne pourrais pas les quitter. Ou alors il me faudrait réellement cette chose qui me donnera la force.
Où est elle, cette chose si forte qu'elle arrivera à me faire quitter ma si précieuse famille ?

Ou il ne te restera que des regrets ...

Des regrets. Je n'en veut pas. Je veux vivre. Je veux faire tellement de chose. Je veux aimer, rire, jouer, tuer.
Je ne veux pas être enfermée. Encore un caprice ? Non, une demande légitime.
Jane se redresse, et sort de sa chambre. Elle me laisse ici, à mes réflexions.
J'ai envie de lui courir après. Je le souhaite. De toutes mes forces. Mais non, rien. Je n'arrive pas à courir.
Pas à sortir. Plus rien. Mes réflexion s'enchainent et m'assaillent carrément. Je me meurs de trop de solitude.
Mon cœur à besoin, de compter pour quelqu'un. Oui, c'est ça, je veux compter pour quelqu'un.

Alors je sors de cette chambre, et je cours déjà dans les couloirs. Je croise Enola. Mais je ne lui dis rien.
Pas envie de parler avec elle. Je cherche Jane. Mais elle a déjà disparue. Où sont les anges, quand les démons ont besoin d'eux pour s'échapper ?
Je sors dans le jardin, m'allonge sur le sol. Morte, non. Je soupire pour m'amuser. Je prendrai mes décisions demain.
Jane a raison. Et moi, je ne désire pas regretter. Je ne pourrai pas, vivre avec mes regrets.